Centre Ville d'Al-Jeit.

Sayan sauta de son cheval et l'attacha près d'une auberge. Elle avait des "courses" à faire au centre ville, et avait choisi l'heure où il y avait le plus de monde car il était plus facile de voler ainsi. Oui, Sayan volait, mais elle volait pour que son estomac ne se torde pas le soir, contrarié d'être vide. Elle estimait que s'il en allait de sa survie, le vol n'était pas si grave que ça. Il était 9h30 et les c'était la cohue dans la ruelle où des marchands avaient installés leurs stands : ça criait, ça marchandait de partout. Elle aperçut des enfants poussant des cris de joie devant les démonstrations des nouveaux jouets qu'un marchand leur faisait. A sa droite, un homme discutait patiemment le prix de son poisson et une vieille dame frappait de son sac à main un malhabile voleur. Ce spectacle, elle y était habituée. Chaque matin, elle venait se sustenter ici. Sayan rabattit son capuchon et enfila ses gants puis marcha d'un pas décidé entre la foule.

Elle s'arrêtait devant des bouchers, des poissonniers, faisant mine de s'intéresser à leur marchandise quand toute son attention était ailleurs. Elle avait repéré le marchand de fruits qu'elle volait habituellement et calculait quand elle devrait passer à l'action. D'habitude, elle se contentait de petites pièces qu'elle volait discrètement, mais cette fois ci elle mourrait de faim et dévorait des yeux les différents fruits exposés. Elle allait devoir ruser, et pour une fois ne pourrais pas miser sur sa discrétion mais sur sa vitesse. Cacher sous sa cape une mandarine était possible, mais lorsqu'on commençait à essayer d'y faire entrer quelques oranges et bananes, cela devenait difficile... Elle devrait agir vite et ensuite courir sans s'arrêter.

Sayan alla devant le stand. Le vendeur fut interpellé par un client, et voyant là l'occasion parfaite, d'un geste furtif et précis elle agrippa trois bananes et deux oranges. Elle les tint serrés dans ses bras, puis courut. Sa vitesse et son agilité étaient telles qu'on la remarquait à peine. Derrière elle, le marchand poussa soudain de grands cris.

-Marchombre! Marchombre!

Les marchands regardèrent aussitôt la foule d'un air méfiant et recouvrirent leur plus belles pièces. Le marchand qu'elle avait volé ne l'avait pas repérée, mais Sayan continua néanmoins à courir. Elle s'arrêta en dessous d'un grand immeuble, à peine essoufflée et vérifia rapidement des yeux si on ne l'avait pas pourchassée. La rue était déserte. Elle sourit. Ca avait été trop presque trop facile.

Elle mangea avidement une des bananes volées puis admira la rue dans laquelle elle était tombée. Une belle rue, cela changeait de son auberge miteuse. Ca devait être bien d'habiter ces immeubles... Dans son observation, elle ne remarqua tout d'abord pas les pas qui venaient vers elle puis soudain se retourna rapidement, prête à sortir sa lame. Un homme se tenait en face d'elle. Elle l'observa, essayant de deviner s'il l'avait vue voler, et s'il représentait un danger pour elle. Tout dans son allure démontrait que c'était un marchombre. Elle se rappella vaguement l'avoir vu au conseil et se détendit quelque peu.

-Bonjour. Belle matinée, n'est ce pas?

Dit-elle, un sourire mesquin aux lèvres.

[Hrp: J'espère que tu aime mon poste! et que je ne te cause pas trop de problème. En passant Randerel aime bien Sayan c'est pour il fait cela.]

Randerel s'appuya au mur de la battisse la plus près.

Arrivant au centre ville, il avait aperçu Sayan qui courrait. Randerel la connaissait du conseil, elle était marchombre à temps plein et voleuse à temps partiel. Comment le savait-il? En fait, il y avait peu de choses qui lui échappaient, surtout en ce qui concernait les marchombres du conseil. Et même en ce qui concernait les marchombres en général. Randerel était un jeune homme observateur et perspicace. Il était aussi quelqu'un fier d'être marchombre et n'aimait pas beaucoup que l'une des leur se comporte en simple voleuse.

-Oui très belle pour observer ce quartier et en rêver.

L'ayant suivit, il s'était rendu compte qu'elle observait ce quartier d'Al-Jeit qui était près de celui dans lequel il vivait. Tout de même il se laissa rêver sans dire un mot, regardant les grandes battisses qui les entouraient. La rue était déserte et calme, ce qui procurait un sentiment de paix.

Randerel sortit de cette rêverie étrange qui l'avait prise et s'était redressé et rapproché de Sayan. Les changements que subissaient l'air et une agitation certaine qui semblait se rapprocher ne présageait rien de bien.

-Je me présenterais bien à toi officiellement, mais je crois que nous manquons un peu de temps. Tes escapades au centre ville ne sont pas très appréciés je crois. Randelrel gardait un ton qui ne présageait ni animosité ni colère ou quelque sentiments que ce soit. Alors' Sayan Til'Gynes tu veux me suivre ou rester ici?

Bientôt des injures et des bruits de pas furent audibles. Il semblait que le dernier vol de Sayan avait été repéré et que quelques marchands en colère avaient prévenu la garde. Ils arrivaient des deux côtés de la rue. Il semblait que sa tentative avait été vaine. Ou peut-être pas. Qui sais ce que Randerel avait en tête ou avait pu faire. On ne voyait pas encore les gens qui poursuivaient la jeune marchombre, mais il ne leur restait que quelques minutes avant que ceux-ci n'arrivent.

Randerel se tourna vers le mur où il s'était adossé plus tôt et commença à grimper. À peine à quelque mètre, il y avait un balcon qui se retirait dans le mur, si ils montaient là, ils seraient hors de vue de tous. C'était là que Randerel grimpait. C'était là qu'il se tiendrait pour éviter un affrontement inutile. Avait-il vraiment proposé à Sayan de le suivre pour qu'elle ne se fasse pas prendre? En fait non c'était plutôt pour éviter qu'elle se batte inutilement avec des gens qui n'étaient pas de son niveau. C'était aussi pour qu'il ne la reconnaissent pas en tant que marchombre et qu'elle puisse toujours se promener à sa guise dans le centre ville d'Al-Jeit. Il espérait simplement qu'elle le suive. Si elle ne le suivait pas, il devrait peut-être essayer d'empêcher le massacre.

Massacre qu'il aurait créé. "J'espère que j'ai bien fait" En fait il était celui qui avait prévenu les marchands et les marchands qu'un jeune voleur leur avait subtilisé à manger. Connaissant bien les marchombres, il leur avait assuré que cette personne n'en était pas un et qu'ils n'avaient qu'à se méfier que de peu d'entre eux. Randerel n'était pas un marchombre très typique lorsqu'on n'observait que son physique et qu'on ne connaissait pas grand choses des marchombres. Alors il n'eut pas de grande difficultés à se faire passer pour un simple guerrier devant ces marchands. Il leur indiqua vers où le jeune voleur était parti et leur dit d'amener la garde au cas ou celui-ci serait dangereux. Il les accompagna sur plusieurs mètres et changea de direction pour se diriger plus rapidement où était Sayan. Elle ne saurait surement jamais que c'était lui qui lui avait causé ce petit trouble, mais il voulait que cela lui serve de leçon. Il verrait bien assez vite si cela avait marché ou pas.

La jeune marchombre entendit la soudaine agitation et comprit vite que des gardes se dirigeaient vers eux. Elle soupira de frustration en les entendant et se demanda comment ils avaient bien pu retrouver sa trace. Le marchombre prit la parole.

-Je me présenterais bien à toi officiellement, mais je crois que nous manquons un peu de temps. Tes escapades au centre ville ne sont pas très appréciés je crois. Alors' Sayan Til'Gynes tu veux me suivre ou rester ici?

Sayan sourit légèrement en le voyant escalader le mur avec une souplesse exemplaire. Elle ne se doutait pas que s'il avait postulé pour les Missions Impériales, il serait directement pris. Il avait l'air d'une vraie machine à tuer. Elle le vit grimper jusqu'à un balcon qui pouvait les dissimuler. Mais pourquoi voulait-il fuir le combat? Ce n'était pas une dizaine de gardes qui allaient l'effrayer! mais Sayan se dit qu'il devait avoir de bonnes raisons de le faire, et elle préférait ne pas avoir d'ennuis avec les gardes. Il pourrait y avoir des échos et l'Empereur la refuserait aux Missions. Elle devait donc se tenir à carreaux pour le moment. Un peu désappointée, elle se rendit compte qu'elle ne pourrait plus voler. Comment allait-elle manger...?

Toutes ces pensées s'étaient mélangées dans sa tête en quelques secondes seulement (ne sous estimez jamais l'esprit de Sayan...) et elle se ressaisit en entendant la garde tourner et presque s'engager dans la rue. En une fraction de seconde, elle s'était propulsée jusqu'au niveau du marchombre et elle prit place à coté de lui.

-Je crois qu'il ne m'est plus nécessaire de répondre à ta question.

Elle sourit. Cette situation l'amusait, même si les gardes les trouvaient, elle pourrait facilement les vaincre. Mais elle devrait alors dire adieu aux Missions, et ça, elle y tenait. Elle entendit la garde arriver quelques mètres plus bas.

-Il n'y a personne.
-Ce salopard nous a mal renseigné!
-Rentrons, y'en a marre de ces gamins qui s'amusent à jouer des tours.

Une fois la garde partie, Sayan se tourna vers le marchombre.

-Merci, je n'y aurais jamais pensé. Grâce à toi j'ai évité un affrontement inutile qui aurait ruiné toutes mes chances de participer aux Missions Impériales. Je crois que tu peux te présenter, à présent. Je n'en ferai pas de même, car tu sembles déjà connaitre mon identité.

[Hrp: Pas beaucoup d'inspiration et pas assez de concentration ^^' bref ma réponse est pas la meilleurs, mais ca va]

Arrivé en haut Randerel s'était retourné pour voir ce que Sayan faisait et il fut soulagé en la voyant se propulser à sa hauteur et monter sur la balcon. Il s'était adossé sur le mur pour lui faire un peu plus de place. Il la regarda quelque peu. Elle avait sauté à une très bonne hauteur et était montée très rapidement. En elle il reconnaissait les talents des meilleurs marchombres, le seul problème qu'il devait avoir avec elle était sa manie de voler.

-Je crois qu'il ne m'est plus nécessaire de répondre à ta question.

Elle sourit. Il trouvait qu'elle avait une manière de sourire contagieuse. Elle semblait tout trouver amusant ou facile. Elle semblait amusé à tout moments. Rabderel de son côté ne souriait que rarement, seulement dans les moments ou la joie habitait réellement son corps ou s'il avait envis de rire et de réellement s'amuser. Ses pensées s'arrêtèrent lorsque la garde arriva. Il s'avança et les regarda en sachant pertinemment que ceux-ci ne regarderaient pas vers le haut.

-Il n'y a personne.
-Ce salopard nous a mal renseigné!
-Rentrons, y'en a marre de ces gamins qui s'amusent à jouer des tours.

Des gamins avaient-ils dit? Si Randerel aurait été facile à insulter cela l'aurait atteint, mais il n'eut pour réaction que de rire, un rire silencieux. Il se retourna vers Sayan et celle-ci fit de même en se retournant vers lui.

-Merci, je n'y aurais jamais pensé. Grâce à toi j'ai évité un affrontement inutile qui aurait ruiné toutes mes chances de participer aux Missions Impériales. Je crois que tu peux te présenter, à présent. Je n'en ferai pas de même, car tu sembles déjà connaitre mon identité.

Randerel connaissait effectivement son identité et bien plus encore. Il était tout de même surprit qu'elle ne connaisse pas la sienne, car il était un des membre les plus actif du conseil. Mais c'était réel que les membres du conseil ne se connaissaient pas beaucoup entre eux, comme tous les marchombres en fait. Bien qu'il désapprouvait quelques agissement de cette marchombre, il la trouvait sympathique et vraie, en fait c'est l'impression qu'elle donnait. Il ne sentait pas qu'il devait se méfier. Il sentait qu'il devait faire de cette jeune femme son alliée, son amie.

-C'est vrai que me présenter serait une bonne idée. Je suis Randerel Til’Senor et je suis membre du conseil marchombre comme toi. Si je connais ton nom c'est que je connais chaque membres du conseil de près ou de loin. Disons je j'aime bien savoir avec qui je collabore.
Il s'arrête un instant, regardant Sayan fixement dans les yeux.
-J'aimerais bien savoir qui est exactement Sayan Til'Gynes la marchombre. Alors si tu veux je t'offre un verre à l'auberge de ce quartier. Ce n'est pas obligé, mais si je l'offre tu serait mieux d'en profiter, il est rare que je pais quoi que ce soit aux gens. En même temps tu pourras me parler des missions impériales et de tes activités en tant que voleuse qui manque peut-être un peu de discrétion.

Il rit un bon coup. Il alla vers la porte du balcon sur lequel ils se trouvaient. Il tira légèrement, se rendant compte que cette porte était fermée à clef. Il plaça sa main à plat la serrure de celle-ci et quelques secondes plus tard on entendait un déclic. Il ouvrit la porte attendant de voir si Sayan allait entrer ou si elle allait partir de son côté.
Ce balcon était rattaché à l'étage supérieur de l'Auberge Des Sabres d'Aciers. Ils n'avaient qu'à se déplacer dans un petit couloir et ils arriveraient à des escaliers les menant directement à l'entrée de l'auberge.

-Juste comme ça ne me remercie jamais, un jour tu pourrais être surprise.
Puis il lui fit signe d'entrer si elle le souhaitait.

Sayan accepta l'invitation et passa la porte de l'auberge. Ils descendirent des escaliers sombres et débouchèrent sur l'auberge. L'aubergiste les regarda d'un air méfiant, se demandant pourquoi ils n'était pas passés par la porte principale, mais ne posa pas de questions. En effet, ils formaient un duo assez terrifiant, assez que pour comprendre qu'il ne valait mieux pas les provoquer. Ils se dirigèrent d'un pas rapide et fluide vers une table dans un coin, Sayan souhaitant ne pas se faire entendre d'autres clients. Elle commanda une bière et Randerel fit de même. L'aubergiste les posa le plus vite possible sur la table puis s'éloigna d'un pas rapide. Sayan dégusta sa boisson d'autant plus qu'elle ne payait pas.

Un silence s'était installé entre eux. Randerel attendait qu'elle prenne la parole, ce qu'elle fit après avoir bu la moitié de sa bière.

-Je suis fille unique. Ma mère était déçue à ma naissance de ne pas avoir mis au monde un héritier, aussi m'appela-t-elle Sayan, un nom de garçon. J'ai rencontré mon maitre, Erwan Til'Hettis, lorsque j'avais quatorze ans. Mon père m'avait emmené au marché. Comme aujourd'hui, j'y avait volé des fruits. J'imagine que c'est comme ça qu'il m'a repérée. Quand il m'a interpellé, j'ai essayé de le blesser, et cela l'a convaincu de me prendre comme élève. Tout au long de mon apprentissage, il est comme devenu un second père pour moi. Aujourd'hui encore, il nous arrive de nous voir.

Elle marqua une pause. Les yeux dans le vague, elle se souvint de ces trois années, de ces murs lisses qu'il lui avait fait escalader en un temps record, ces combats perdus d'avance qu'elle avait du affronter, mais aussi de l'étincelle de fierté dans ses yeux quand elle surpassait toutes ses espérances, les feux qu'ils faisaient le soir en parlant de leur passé, les encouragements mutuels lors des chevauchées éreintantes, et les affrontement où ils avaient combattus côte à côte.
Un jour, il avait posé sa main sur son épaule et dit qu'elle deviendrait une grande marchombre. Il ne dit rien de plus, mais Sayan comprit dans ses yeux qu'il partirait et le remercia pour tout. Le lendemain matin, il était parti.
A sa place près du feu, elle avait trouvé une lame excellente.

-Je viens d'achever mon apprentissage, j'ai donc dix-sept ans. Tu m'as vue voler tout à l'heure. Je viens d'une famille qui n'a pas beaucoup de moyens. Mes parents ne peuvent me donner assez pour subvenir à mes besoins. Grâce à un accord avec un aubergiste, j'ai un toit où loger, mais la nourriture me manque. Voler est pour moi la seule solution. Je vole le plus rarement possible, avec ma forte constitution je peux jeuner plusieurs jours de suite. Je déteste voler mais il le faut, tu comprends?

Le tutoiement était venu, tout naturel pour elle. Elle n'allait pas vouvoyer quelqu'un à qui elle racontait ce genre de choses. En temps normal elle aurait raconté le huitième de ce qu'elle venait de dire, mais là c'était différent. Elle sentait que le marchombre ne lui voulait que du bien, et elle appréciait de parler à quelqu'un qui avait aussi donné trois ans de sa vie à un maitre, et passé la redoutable épreuve de l'Ahn-Ju. Il savait ce que c'était.

Depuis la fin de son apprentissage, elle était restée solitaire. Elle se sentait lâchée sans avoir de but, jusqu'à ce qu'elle entende parler des Missions Impériales.

-Je suis allé me présenter aux Missions Impériales il y a quelques jours. Pour enfin avoir un but : aider l'Empire. Je crois d'ailleurs t'y avoir vu. Tu étais devant moi dans la file, je me souviens de ton affrontement. Tu as donc aussi postulé pour les Missions? pourquoi?

[Suite à l'auberge!]